Près de chez moi se trouvait une autoroute que j’empruntais souvent pour aller étudier plus jeune. Mais dans mon rêve, elle était toute autre, ce paysage familier s’était métamorphosé en un sentier monumental qui menait à une grande colline, ou des centaines de personnes déambulaient silencieusement. L’atmosphère y était pesante, accentuée par un ciel couvert de nuages percés de trous béants permettant d’entrevoir un ciel sombre et sinistre à travers. Je marchais, seul, dans cet amas d’individus. Je n’ai pas le souvenir d’être accompagné mais j’étais entouré d’une foule qui prenait la même direction que moi.
Derrière moi se trouvait un homme au rire strident au téléphone et qui ressemblait étrangement à un ami à moi ; étrange distorsion de la réalité. Je ne faisais pas attention à lui et avançait. Le gigantesque chemin se trouvait au milieu de deux forêts. Les grands arbres obscurs se dressaient et semblaient nous empêcher de nous écarter de notre but tandis que le sentier me donnait cette impression d’être dirigé vers un lieu bien trop énigmatique pour que je puisse le décrire. Mais je voulais savoir ce qu’il se trouvait au bout de ce chemin. Soudain, un son étouffé par les nuages perça le silence, semblant traverser le mur du son avec une résonance incroyable. Quand subitement quelques secondes après, un gigantesque rayon jaune doré jaillit à travers l’espace dégagé des nuages et semblait déchirer l’atmosphère avec la puissance de son arrivée dans l’air. Sans prévenir, d’autres surgirent avec des inscriptions indéchiffrables qui virevoltaient autour des faisceaux. Ces étranges symboles m’étaient totalement inconnus et se mouvaient autour des faisceaux qui ouvraient le ciel. Bien que je ne puisse les décrire, j’avais comme l’impression de contempler les symboles de l’infini en forme de huit se tordre autour des rayons lumineux.
Une multitude d’autres traversèrent l’atmosphère quand soudain, l’un d’entre eux éclata avec une telle violence qu’il provoqua un son d’une puissance inouïe, semblant déchirer le voile de la stratosphère. Je n’avais jamais entendu un tel son de ma vie, c’était comme une explosion de verre créant un son aiguë, suivit d’un écho dans le ciel. Cette expérience sonore était hors du commun et défiait les limites de l’audible, si indescriptible qu’il en était une première expérience pour mes oreilles. Les rayons se multipliaient mais les nuages voilaient leur grandeur, les dissimulant à travers leurs épaisses masses sombres. Une vague d’agitation se propageait parmi les gens, et l’inquiétude grandissante provoquait des murmures et des regards inquiets.
Soudain, les rayons tournoyèrent dans le ciel tel un noyau en fusion, tranchant l’obscurité de manière hypnotique. L’homme qui était au téléphone derrière moi continuait de parler fort mais je pouvais désormais entendre sa discussion. La voix féminine au bout du fil au téléphone lui lança :
« Ils ne sont plus ensemble. »
Sans doute pour le faire taire en prétextant un mensonge, du moins c’est ce que j’en déduit après-coup. À l’écoute de cette phrase, l’homme se tut brusquement puis rentra dans le bâtiment faisant office de toilettes, qui d’ailleurs était apparu imperceptiblement sans que je ne m’en rende compte, au bord de la forêt sur la gauche. Le son assourdissant des rayons dans le ciel me serrait le cœur. Après quelques minutes, L’homme sorti des toilettes et un silence enveloppa soudain la foule, comme si sa simple présence lui avait conféré une certaine importance. Puis il dit mot pour mot :
« J’ai une amie qui travaille à la NASA. Elle vient de me dire que… des choses arrivaient depuis les rayons qui sont en train de tomber sur Terre. Elle me dit que même eux ne savent pas de quoi il s’agit. »
Je me souviens avoir levé les yeux vers le ciel avec un sentiment d‘inquiétude m’envahissant, accompagné de frissons très intenses. C’était d’une grandeur et d’une puissance telle que je me doutais ne jamais pouvoir revivre de genre de sensation au cours de ma vie. Ce dont je me souviens également, et sans pouvoir expliquer pourquoi, c’est cette sensation d’être concerné, pas que je me sente unique ou autre, mais plutôt que ce qu’il allait se produire allait provoquer un changement radical pour l’humanité.
